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30 mars 2006 4 30 /03 /mars /2006 13:24

LA FOULE a fait silence. Elle qui il y a un instant encore s’apprêtait à tuer l’apôtre Paul, alias Saul de Tarse. Les soldats romains ont dû intervenir. À présent, Paul se trouve face à la foule, sur une estrade. La scène se déroule à proximité du temple de Jérusalem.

 

D’un geste de la main, Paul demande le silence. Puis il se met à dire en hébreu : “ Hommes, frères et pères, entendez maintenant ma défense auprès de vous. (...) Je suis un Juif, né à Tarse de Cilicie, mais éduqué dans cette ville-ci aux pieds de Gamaliel, instruit selon la rigueur de la Loi ancestrale, étant zélé pour Dieu, comme vous l’êtes tous aujourd’hui. ” — Actes 22:1-3.

 

Pourquoi, alors qu’il y va de sa vie, Paul commence-t-il donc sa défense en mentionnant qu’il a eu Gamaliel pour maître ? Qui était Gamaliel ? Que signifiait avoir été enseigné par lui ? Cette formation avait-elle encore une influence sur Saul après qu’il fut devenu l’apôtre Paul ?

 

L’homme Gamaliel

 

Gamaliel était un Pharisien de renom. Son grand-père, Hillel l’Ancien, était à l’origine de l’un des deux principaux courants de la pensée pharisienne. Son approche était considérée comme plus tolérante que celle de l’école rivale, celle de Shamaï. Après la destruction du temple de Jérusalem en 70 de notre ère, la Maison de Hillel (Beth Hillel) l’emporta sur celle de Shamaï (Beth Shamaï). Comme toutes les autres sectes juives avaient disparu avec le temple, la Maison de Hillel devint le porte-parole du judaïsme. La doctrine de Beth Hillel constitua l’un des principaux fondements de la loi juive telle qu’elle est consignée dans la Mishna , laquelle allait elle-même servir de base au Talmud. L’influence de Gamaliel fut déterminante pour ce qui est d’imposer cette école.

 

Si grande était l’estime dont jouissait Gamaliel qu’il fut le premier à être appelé Rabban, un titre supérieur à celui de Rabbi. En fait, il était si respecté que la Mishna dit à son sujet : “ Depuis la mort de R[abban] Gamaliel l’ancien, la gloire de la Loi s’est éteinte, et avec elle sont ruinés la pureté et le Pharisaïsme [litt. “ la séparation ”]. ” — Sota 9:16.

 

Enseigné par Gamaliel

 

Que voulait dire Paul quand il lança aux foules de Jérusalem qu’il avait été ‘ éduqué aux pieds de Gamaliel ’ ? Que supposait donc avoir été le disciple d’un tel enseignant ?

 

Sur ce point, le professeur Dov Zlotnick, d’un institut américain de théologie juive, déclare : “ L’exactitude de la loi orale, sa fiabilité donc, dépendait presque exclusivement de la relation maître-disciple : du soin que le maître apportait à l’enseignement de la loi et de l’ardeur que le disciple mettait à l’apprendre. (...) Les disciples étaient donc invités à s’asseoir aux pieds du maître (...) et ils ‘ buvaient ses paroles dans la soif ’. ” — Mishna, Avot 1:4.

 

Dans son Histoire du peuple juif à l’époque de Jésus Christ (all.), Emil Schürer nous éclaire sur les méthodes des enseignants rabbiniques du Ier siècle : “ Les rabbis les plus éminents s’entouraient souvent d’un grand nombre de jeunes gens avides de savoir. Ils cherchaient à les former aux multiples arcanes de la ‘ loi orale ’. (...) L’instruction consistait en un perpétuel et inlassable exercice de mémorisation. (...) Le maître soumettait aux disciples plusieurs questions sur la loi et les laissait répondre, à moins qu’il ne s’en chargeât lui-même. Les élèves pouvaient également interroger l’enseignant. ”

 

Pour les rabbis, l’enjeu n’était pas simplement d’amener les disciples à un certain niveau. L’élève était prévenu : “ Quiconque oublie une parole de ce qu’il a appris, l’Écriture le lui compte comme s’il avait perdu son âme. ” (Avot 3:8). On ne pouvait flatter davantage un élève qu’en le comparant à “ une citerne close qui ne perd aucune goutte ”. (Avot 2:8.) Voilà à quoi ressemblait l’enseignement que Paul, alors connu sous son nom hébreu de Saul de Tarse, reçut de Gamaliel.

 

L’enseignement de Gamaliel

 

Dans la droite ligne du pharisaïsme, Gamaliel était un ardent défenseur de la loi orale ; il accordait de ce fait une plus grande importance aux traditions rabbiniques qu’à l’Écriture inspirée (Matthieu 15:3-9). La Mishna lui prête ces mots : “ Fais-toi un maître [un rabbi], évite le doute et ne donne pas trop souvent la dîme par approximation.” (Avot 1:16). Cela revenait à dire que dans le cas où les Écritures hébraïques n’exposaient pas explicitement la conduite à tenir, il ne fallait pas prendre de décision en faisant appel à son propre raisonnement ou à sa conscience. Il était préférable de trouver un rabbi qualifié qui saurait, lui, trancher la question. Aux yeux de Gamaliel, c’était le meilleur moyen d’éviter de pécher. — Comparer avec Romains 14:1-12.

 

Cependant, Gamaliel est surtout connu pour sa position religieuse plus tolérante, plus ouverte, dans l’interprétation de la Loi. Par exemple, il a montré de la considération pour les femmes en ‘ autorisant les veuves à se remarier sur l’assertion du décès [du mari] par un seul témoin ’. (Mishna, Yevamot 16:7.) De même, dans le souci de protéger les femmes mariées, Gamaliel a soumis les lettres de divorce à un certain nombre de restrictions.

 

On retrouve ce même esprit dans les rapports que Gamaliel a entretenus avec les premiers disciples de Jésus Christ. Selon le livre des Actes, lorsque des chefs juifs cherchèrent à mettre à mort les disciples de Jésus qu’ils avaient pris en flagrant délit de prédication, “ un certain homme se leva dans le Sanhédrin, un Pharisien nommé Gamaliel, un enseignant de la Loi estimé de tout le peuple, et il donna l’ordre de faire sortir ces hommes un instant. Puis il leur dit : ‘ Hommes d’Israël, faites attention à vous quant à ce que vous voulez faire à propos de ces hommes. (...) Je vous le dis : Ne vous occupez pas de ces hommes, mais laissez-les (...) ; sinon il se peut que vous soyez trouvés comme des hommes qui combattent en fait contre Dieu. ’ ” Le conseil de Gamaliel porta, et les apôtres furent relâchés. — Actes 5:34-40.

 

Ce que cela signifiait pour Paul

 

Paul avait ainsi été formé et éduqué par l’un des enseignants rabbiniques les plus en vue du judaïsme du Ier siècle. À n’en pas douter, l’allusion que l’apôtre fit à Gamaliel incita la foule de Jérusalem à écouter très attentivement ce qu’il avait à leur dire. Il leur parla pourtant d’un Enseignant de loin supérieur à Gamaliel, de Jésus, le Messie. À présent, c’était le disciple de Jésus qui s’exprimait, et non plus celui de Gamaliel. — Actes 22:4-21.

 

La formation reçue de Gamaliel a-t-elle influencé l’enseignement du chrétien qu’était devenu Paul ? L’instruction poussée qu’il avait reçue dans l’Écriture et la Loi juive s’avéra sans doute utile dans son ministère. Cela dit, les lettres qu’il a rédigées sous inspiration divine montrent qu’il rejetait dans leur essence même les croyances pharisiennes de Gamaliel. Il invita les Juifs, quels qu’ils soient, à se tourner, non vers les rabbis du judaïsme ou vers les traditions humaines, mais vers Jésus Christ. — Romains 10:1-4.

 

S’il était resté disciple de Gamaliel, Paul aurait joui d’un grand prestige. D’autres personnes qui gravitaient autour de Gamaliel ont contribué à façonner l’histoire du judaïsme. C’est ainsi que Siméon, fils de Gamaliel et peut-être ex-condisciple de Paul, joua un rôle majeur dans le soulèvement juif contre Rome. Après la destruction du temple, Gamaliel II, petit-fils du premier, restaura l’autorité du Sanhédrin en l’installant à Yavné (Jamnia). Quant à Jehuda Hanasi, petit-fils de Gamaliel II, il fut le compilateur de la Mishna , la pierre de fondement de la pensée juive jusqu’à nos jours.

 

Élève de Gamaliel, Saul de Tarse aurait pu devenir un personnage très éminent du judaïsme. Concernant une telle carrière, il écrira pourtant : “ Les choses qui étaient pour moi des gains, celles-ci je les ai considérées comme une perte à cause du Christ. Mais oui, je considère même que toutes choses sont une perte à cause de la valeur éminente de la connaissance de Christ Jésus mon Seigneur. À cause de lui, j’ai accepté la perte de toutes choses et je les considère comme un tas de déchets, afin de gagner Christ. ” — Philippiens 3:7, 8.

 

En renonçant à une carrière de Pharisien et en devenant disciple de Jésus Christ, Paul appliquait de façon pratique le conseil que son ancien maître avait donné : prendre garde d’‘ être trouvé en train de combattre en fait contre Dieu ’. En abandonnant les persécutions contre les disciples de Jésus, Paul cessa de lutter contre Dieu. Désormais lui-même disciple de Jésus, il devenait un ‘ compagnon de travail de Dieu ’. — 1 Corinthiens 3:9.

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commentaires

G
Merci infiniment pour cet éclairage qui me fait mieux comprendre l'apôtre Paul et la loi juive de l'époque.
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M
BIEN BIEN BIEN
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